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Dans un monde mutagène, où les nouvelles technologies engendrent de nouveaux outils ou matériaux, où la contraction du temps et de l’espace provoque des coexistences inattendues, le design assume une fonction d’appropriation, de traduction et d’articulation qui rend possible l’expérience du nouveau qui se présente. Dans une relation anthropologique, le design opère un travail de culture. Il donne du sens, met en forme des rites qui permettent des échanges et la possibilité de s’y reconnaître.
Actuellement, les pratiques ont évolué. Le designer s’est affirmé comme auteur. Ses recherches, dans lesquelles la notion d’utile et donc de destination d’une production reste prépondérante, se fondent sur la méthode de projet. Dans ce cadre, les objets sont conçus en tant que systèmes ouverts, non définitifs et pensés en termes de relations. La tâche du designer intègre la complexité et l’hétérogène dans une approche pluridisciplinaire où il met en jeu sa capacité à traduire les fonctions d’usage et les transformations d’une société, technologiques ou sociales, pour les rendre appropriables et communicables. La méthode du projet, établie dans et avec l’industrie au cours du XXe siècle, s’est modélisée, permettant à l’approche sensible du designer d’opérer dans des situations nouvelles et faisant de « l’artiste dans l’industrie » un modèle d’action transférable.
Comme démarche d’invention, le design soutient le dessein d’une société dans ses fondements politiques, sociaux et économiques en développant des hypothèses et des scénarios qui explorent un imaginaire et des inventions. Plus que jamais, le design s’engage dans des recherches, sources d’innovation. Conduites plus librement quant à leur faisabilité, elles s’appuient sur un « droit de rêver » sur les matériaux, les techniques, les usages, à l’appui d’un savoir sensible et esthétique pouvant révéler des potentiels cachés.
Cette recherche met en valeur la qualité d’un patrimoine existant sur tout le territoire Aquitain, à travers la diversité et la richesse des industries de la chaussure, et amène à explorer des savoir faire et des expériences passées ou en état de disparaître suite à la mondialisation et la concurrence asiatique. Ces cultures locales et particulières ont marqué une région pendant des décennies.
Certaines de ces entreprises, créées depuis plus d’un siècle, sont issues d’une longue tradition familiale. Elles élaborent des chaussures de luxe, manufacturées ou non, avec une qualité des matières premières liées à un savoir faire artisanal de grande exigence. D’autres ont connu le succès grâce à un modèle particulier et sont aujourd’hui en recherche de nouveaux produits ou de nouvelles lignes capables de les repositionner sur le marché. D’autres encore ont su trouver une place attractive et renouvelée.
La réflexion portera autant sur la territorialité, la culture locale, la place de l’artisanat dans le processus industriel, la qualité culturelle, les différentes structures de productions, le marketing, l’identité, les réseaux de diffusion, le marché, les tendances, les lignes spécifiques, les formes de l’économie coopérative et/ou de proximité, les caractéristiques techniques et les services indispensables à la gestion des marques.
Le workshop sera directement associé aux entreprises, leur savoir-faire, leur technique, leur identité, leur histoire… Ainsi, les projets et prototypes auront comme objectif de refléter cette réalité culturelle mais également de s’inscrire dans une démarche de recherche et de développement où chaque pièce pourrait devenir un produit industrialisable.
Il s’agit de réagir en s’appuyant sur la créativité et le design, le style, la mode, l’exploration de nouveaux matériaux, pour exprimer cette richesse locale, la faire perdurer, la mettre en valeur au-delà
de notre territoire, grâce à une recherche de produits innovants
et à sa communication.
La visite des entreprises, les interventions des chefs d’entreprise, des designers internes, des techniciens, etc. apporteront le maximum d’informations, de support technique de production et de contenu culturel et historique.
La méthode de travail sera celle d’un atelier de création collectif. À partir d’un bagage théorique et des contacts avec les entreprises, les premières recherches créatives, les esquisses et concepts seront développés en maquettes, dessins, modélisations, confrontés à l’outil de fabrication et aux entreprises pour la réalisation des plans d’exécution, le suivi de fabrication des prototypes, et la mise en forme des projets pour exposition. Les entreprises partenaires sont engagées sur la fabrication des prototypes à l’issue du workshop.
Enfin, l’École d’Enseignement Supérieur d’Art de Bordeaux effectuera un travail de documentation durant le workshop à travers la réalisation d’un document vidéo.
Les prototypes réalisés avec les entreprises partenaires et les projets du workshop seront exposés à Agora, biennale d’architecture, d’urbanisme et de design à Bordeaux, du 13 au 16 septembre 2012, dans le cadre de sa thématique « Patrimoines et Centralités ».
D’autre part, de nombreuses autres opportunités d’exposition à Paris et à Milan s’offrent à l’opération.